Le premier présupposé que je vais présenter est celui qui est le plus connu. La phrase a souvent déjà été entendue, même sans toujours la comprendre, par des personnes n'ayant même jamais entendu parler de la PNL…
"La carte n'est pas le territoire"… mais qu'est-ce que cela peut bien signifier ?
Richard Bandler, l'une des deux fondateurs de la PNL (avec John Grinder en 1972), définit la PNL comme "l’étude de la structure de l’expérience subjective", et le mot "subjective" prend alors toute sa dimension.
Cette notion renvoie au fait que la façon dont nous percevons le monde (le territoire), au travers de nos cinq sens (même s'il y a sept sens, et non cinq, mais j'ai déjà évoqué ce sujet dans un autre post cette semaine). Et nous nous en faisons donc une représentation, oui une représentation interne (la carte) qui n'est pas exactement la réalité. Ce n'est que notre vision des choses, selon notre carte interne, notre passé, notre ressenti.
Cette représentation personnelle, partielle et biaisée, notre carte du monde, est donc totalement subjective. Et le monde est donc toujours plus riche que ce que l’on croit…
"La carte n’est pas le territoire" est un des présupposés de la PNL et, notons-le, cette phrase est empruntée au fondateur de la "sémantique générale" Alfred Korzybski (1879-1950). La PNL, elle, ne naît qu'en 1973.
A la base, la métaphore cartographique de la carte et du territoire a en effet été largement popularisée par Alfred Korzybski. Elle lui a permis en effet de formuler une distinction présente dans les trois prémisses qui fondent la sémantique générale.
1. Une carte n’est pas le territoire : Les mots ne sont pas les choses qu’ils représentent.
Cette première prémisse pose clairement la distinction entre la représentation et la réalité. Plus précisément, il est affaire ici de langage. Les mots que nous employons pour décrire la réalité ne sont pas les choses elles-mêmes.
En coaching, la parole du coaché est le matériau premier sur lequel travaille le coach (questions, reformulation…) Les mots ne sont pas la réalité ; mais seulement des représentations et ce sont justement par leur intermédiaire que le coach accède à la carte du monde du coaché.
2. Une carte ne couvre pas tout le territoire : Les mots ne peuvent pas couvrir tout ce qu’ils représentent.
Cette prémisse affirme que la carte ne pourra jamais représenter tout le territoire. Il faudra faire des choix. Car si l’on pouvait reporter tout ce qu’il y avait dans la réalité sur la carte, celle-ci ne serait que la copie conforme de la réalité. La carte n'aurait alors plus aucune raison d'être. Une carte, comme un mot, ne peut représenter tous les éléments de la réalité.
A ce sujet, voici un paradoxe dont Lewis Carroll s’est amusé dans son livre "Sylvie et Bruno." (1867)
"Voilà une chose que nous avons apprise de votre pays, dit Mein Herr, faire des cartes. Mais nous l’avons poussée beaucoup plus loin que vous. À votre avis, quelle serait la plus grande échelle de carte utile ? – Je dirais au cent millième, un centimètre au kilomètre. – Seulement un centimètre ! s’exclama Mein Herr. Nous avons atteint cela très vite. Puis nous avons tenté dix mètres au kilomètre. Puis vint l’idée grandiose ! Nous avons réellement fabriqué une carte du pays, à l’échelle d’un kilomètre au kilomètre ! – Vous en êtes-vous beaucoup servi ? demandai-je. – Elle n’a jamais encore été déroulée, dit Mein Herr ; les fermiers ont fait des objections ; ils ont dit que ça couvrirait tout le pays et que ça cacherait le soleil ! Aussi nous utilisons le pays lui-même comme sa propre carte, et je vous assure que ça marche presque aussi bien.
3. Une carte est auto-réflexive : Dans le langage nous pouvons parler à propos du langage.
Korzybski reprend ouvertement le thème du système auto-représentatif révélé par Josiah Royce puis développé par Bertrand Russell. Royce développe dans son livre "The World and the Individual" (1900), l’image d’une carte d’Angleterre tracée sur une portion même du sol anglais qui, elle-même contient aussi une carte d’Angleterre, qui elle-même contient une carte d’Angleterre…
Une carte est auto-réflexive parce que d’une part nous pouvons parler de cette carte au moyen de la carte, tout comme avec le langage, nous pouvons parler du langage, avoir un discours sur la pensée et créer ainsi à l’infini une série hiérarchique de niveaux d’abstraction.
Notre carte du monde influence nos choix, nos perceptions et souvent nous limite. Cette carte mentale donne une représentation partielle et souvent erronée du territoire. Ce présupposé indique que le coach n'agit pas à partir de la réalité, mais plutôt à partir d'une représentation de celle-ci. Cette carte mentale interne est alimentée par notre perception sensorielle du monde extérieur.
La prochaine fois, je vous parlerai d'un autre présupposé : "Tout comportement est sous-tendu par une intention positive."
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